Birdy – William Wharton

La nuance de bleu de la couverture avait attiré mon regard, et puis les silhouettes d’oiseaux, présentes également en 2ème et 3ème de couverture avaient achevé de m’intriguer et j’avais acheté ce livre sans me poser plus de questions.

Quatrième de couverture

Dans la banlieue de Philadelphie des années 1930, Al et Birdy sont inséparables depuis qu’ils se sont rencontrés sur les bancs de l’école. Al est athlétique, hâbleur, bagarreur. Birdy est fluet, discret, et n’a qu’une passion : les oiseaux. Sa vie s’organise autour des immenses volières qu’il construit pour ses canaris, mais son obsession vire peu à peu à la folie tandis qu’il poursuit son rêve de voler et de devenir lui-même un oiseau. Des années plus tard, alors qu’ils reviennent de la guerre, Al, blessé au combat, est appelé au chevet de Birdy, qui vit prostré dans la cellule d’un hôpital psychiatrique, enfermé dans un mutisme incompréhensible. Dans un monologue intérieur délirant, le rêveur fou ne s’adresse plus qu’à ses oiseaux. Face à son vieil ami, Al égrène alors leurs souvenirs comme autant de récits d’aventures pour tenter de le ramener parmi les hommes.

C’est le style de livre où tu mets un peu de temps à trouver tes repères : on rentre directement en plein milieu de l’histoire, et au fur et à mesure seulement tu arrives à y apposer une temporalité. Ici, le récit commence d’abord par celui d’Al, appelé à la rescousse pour sortir de son mutisme Birdy. C’est raconté à la première personne, et quelques phrases italiques se glissent çà et là. On comprend rapidement qu’il s’agit de Birdy qui prend la parole et peu à peu il la prendra de plus en plus souvent.

Le récit est alterné entre le point de vue d’Al (au présent) et Birdy (au passé), jusqu’à se croiser, se dépasser, et se rejoindre. Il est question d’amitié, d’une passion centrale tellement forte qu’il en résulte une certaine folie, réelle ou perçue comme telle. L’analyse finale que les deux protagonistes en font est d’ailleurs extrêmement intéressante (quelques extraits plus bas).

La passion principalement évoquée est celle de Birdy pour les oiseaux. C’est raconté de façon passionnante, et franchement si l’on m’avait dit un jour que je puisse être intéressée par le récit ultra-détaillé d’un élevage de canaris… là c’est limite si ça ne m’a pas donné l’envie de m’y intéresser en vrai ! Tout y est abordé : des techniques de vols aux astuces pour apprivoiser les canaris, en passant par les méthodes de reproduction en captivité … Et le plus intéressant c’est de découvrir tout ça à travers le regard de Birdy, littéralement fasciné et d’être pris dans le même suspense.

Un autre thème qui revient en filigrane avant d’être développé sur la fin est celui de la guerre qui a conduit Al et Birdy à cette situation (l’un blessé, l’autre interné). La dureté des fait relatés m’a rappelé Le chemin des âmes.

En refermant ce livre, il y a un moment de flottement, un sentiment de chamboulement …

Morceaux choisis

On a tous nos folies personnelles, privées. Si ça arrange suffisamment les gens, on te déclare fou. Parfois, toi-même tu n’en peux plus alors tu racontes à quelqu’un que tu es fou, et ils consentent à s’occuper de toi. [p 156]

Chaque fois qu’on prend trop de recul par rapport à quelque chose, ou qu’il y en a trop, on ne voit plus que l’extérieur et ça devient un boulot comme tout le reste. [p 251]

Toute ma vie, je me suis fabriqué une image de moi. (…) Mais je n’ai rien construit de l’intérieur. Je n’ai fait que renforcer l’extérieur pur me protéger. [p 305]

Peut-être que les fous sont simplement ceux qui voient les choses distinctement mais qui réussissent à trouver un moyen de vivre avec. [p 356]

Ce que j’essaie de dire, c’est qu’on est vraiment dingues. On est dingues parce qu’on ne peut pas accepter l’idée que les choses arrivent sans raison et qu’elles ne veulent rien dire. On n’arrive pas à voir la vie comme une longue séries de haies qu’il faut qu’on saute d’une manière ou d’une autre. Il me semble que tous ceux qui ne sont pas fous passent leur vie à tailler ces haies pour pouvoir passer. Ils vivent ça jour après jour, parce que chaque jour est là. Et puis, quand il ne leur reste plus de jours, ils ferment les yeux et ils disent qu’ils sont morts. [p 357]

Il n’y a pas de limite aux absurdités que les gens peuvent faire pour essayer de donner une signification à leur vie. [p 360]


» Birdy aux Editions Gallmeister
NB : Ce livre, en partie autobiographique, est tout sauf récent (1978), il fût encensé par beaucoup et a été adapté au cinéma (1984).

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