Sugar Man – Sixto Rodriguez

La première fois que j’ai entendu parler de Sixto Rodriguez, c’est en recherchant la provenance de la phrase inscrite sur l’une des guitares d’Angus Stone, que l’on voit par exemple dans cette vidéo.

Angus Stone - Berlin
(c) Frall – source

Won’t you bring back all those colours to my dreams

Une phrase extraite de la chanson Sugar Man de Sixto Rodriguez. Dont je n’avais jamais entendu parler, mais à l’époque je pensais être encore passée à côté d’une légende musicale (ma spécialité). Sauf qu’avec ce reportage qui vient de sortir en salles, Sugar Man, il s’avère que je suis loin d’être la seule.

L’histoire est assez incroyable : un ouvrier de Détroit sort deux albums, Cold Fact en 1970 et Coming from Reality en 1971 qui font un flop aux Etats-Unis. Sauf que par un hasard de circonstances, ces deux albums se mettent à circuler en Afrique du Sud. Le pays est alors en plein Apartheid, coupé du monde. Les chansons de Sixto Rodriguez deviennent des hymnes libérateurs et inspirent des milliers de jeunes, devenant symboles de la lutte anti-apartheid. Ses albums s’y vendent par centaines de milliers malgré la censure et sont classés là-bas parmi les incontournables au même titre que ceux des Beatles. Et tout ça … sans que Sixto Rodriguez ne le sache.

Le reportage, qui s’appelle en réalité Searching for Sugar Man, raconte comment un journaliste et un passionné se sont mis en quête, vingt ans plus tard, de savoir ce qu’était devenu cet artiste sur lequel personne n’avait d’infos. Ils le croient d’ailleurs mort, et leur enquête porte au départ plutôt sur la vérité quant à sa mort, vu les légendes rocambolesques qui circulent.

Et c’est passionnant, voire même touchant quand les deux « enquêteurs » racontent comment ils sont tombés des nues quand l’une des filles de Rodriguez leur a annoncé que son père était vivant et qu’ils allaient donc pouvoir le rencontrer. Touchant aussi parce que les personnes qui témoignent sont très bien choisies : d’un côté des musiciens de Cape Town qui ont été véritablement influencés par le pouvoir libérateur des chansons de Rodriguez et qui se retrouvent à faire le backing band pour lui; et de l’autre côté, les américains que Rodriguez croise au quotidien et qui n’en croient pas leur oreilles. Avec au milieu, Sixto lui-même et sa famille, complètement incrédules. Le passage montrant le concert de 1998 en Afrique du Sud est d’ailleurs assez fou …

Un excellent reportage, que l’on peut apprécier sans connaître la musique (je ne connaissais qu’une chanson), parce que l’histoire est incroyable et que c’est une belle leçon de vie et d’humilité (pour celle de Sixto) et de passion (pour les enquêteurs).

Seul petit bémol : il est fait mention de nombreuses fois du talent d’écriture de Sixto Rodriguez, mais lorsqu’on entend ses chansons, les paroles ne sont pas traduites, ce qui est dommage pour les non-anglophones.

En sortant du cinéma, j’ai fait un tour à la Fnac, et en passant par le rayon disques j’ai entendu deux personnes demander ses disques, ce à quoi le vendeur a répondu : « On n’en a plus, on a été dévalisés et la maison de disques semble dépassée par les commandes. ».
A croire que décidément le sort s’acharne !

» http://sugarman.org
» Sixto Rodriguez sur Wikipedia

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